La fête de la libération à Casson (8-9 mai 2024)
May 28, 2024, 6:19 p.m. par ahdf
Vu : 1402 fois
En ce mois de mai 2024, nos amis français de l'Association du Patrimoine des Véhicules Anciens nous avaient proposé de les rejoindre à Casson, en Bretagne, pour leur splendide manifestation intitulée « La fête de la libération » organisée au château du Plessis*. Un des organisateurs était présent lors de notre dernier Summer Rally au fort de Lantin, près de Liège (B). Il fut très étonné par la diversité du plateau de véhicules WWII présents.
William, agissant comme lien entre la Belgique et la France, a reçu une liste de véhicules désirés par nos amis français, comportant évidement des engins peu communs. Le pari fut tenu après plusieurs semaines de recherches et l'acceptation des propriétaires concernés.
A notre arrivée, nous constatons que le terrain est, hum !, légèrement humide… Des volontaires s'affairent pour étaler des cailloux afin de stabiliser les allées menant au château. Des engins modernes adéquats sont à l'ouvrage. Nous installons nos tentes sur l'emplacement qui nous est réservé par nos amis de la 300th Engineers (les artistes du pont Bailey) que nous avions sollicités et qui étaient déjà arrivés avec leur pont.
D’emblée, sur l’immense site, que de découvertes ! Mais d'abord la boue, beaucoup de boue, une mer de boue. ! Les terrains du domaine sont impraticables, même pour des engins 4x4 ou 6x6. Seuls les chars et les bulldozers arrivent à se déplacer en créant des ornières énormes, ce qui n'arrange en rien la situation. Mais, miracle !, dès le lendemain de notre arrivée, un grand soleil va très vite régulariser les choses de la vie en campagne. Le « bull à Jojo » va évacuer et aplanir certains tronçons. Un spectateur non averti dirait : « Bon dieu, ces collectionneurs de VM sont super équipés ! ». Tout est effectivement prévu. Remercions les infatigables organisateurs - Yann et Éric - qui ont accompli un travail énorme pour rétablir la situation. Les jours suivants sont heureusement baignés par ce soleil breton si souvent dénigré, délivrant une chaleur avoisinant les 26° !
Nous découvrons les véhicules. Rien de manque, y compris des chars et véhicules lourds hors du commun rarement vus sur un même site. Les engineers de la 300th entament le montage de leur pont Bailey devant une pièce d’eau creusée pour l’occasion. Une fois terminé, il sera poussé par des véhicules et halé par treuils pour relier les deux rives. Ce pont, monté selon le règlement, jusque dans les moindres détails de procédure, va supporter jusqu’au passage de chars, y compris un Sherman ! Un grand bravo pour cet exploit qui restera dans les mémoires comme l’un des clous de la manifestation !
Les soirées sont animées : podium avec musique bretonne locale et, bien sûr, celle de la libération. Dans notre camp, notre ami français JP, fan de cinéma ancien, nous gratifie d'une projection en plein air, sur un écran fixé sur la bâche d'un Diamond. Nous assistons, un verre de cidre à la main, à la projection d'un ancien film en noir et blanc : « Les conducteurs du diable » (Red Ball Express). Un grand moment, merci JP ! Non loin de nous, les « nurses » du BMVT présentent une belle exposition de matériel médical d'époque, installé sous leur grande tente arborant une croix rouge.
Telle une arène, un terrain balisé et protégé est dédié principalement aux engins lourds et à l'évolution des blindés et autres engins chenillés. Des présentations dynamiques de véhicules militaires se succèdent non-stop. Les participants et groupes de reconstitution sont également nombreux. Plus de 200 VM WWII couvrent les terrains aux alentours du château ! Un véritable camp militaire américain s'est constitué ! Je ne peux vous citer tous les véhicules présents : Sherman, M10, M7 Priest, tracteur d’artillerie International M5, Pacific M26 (qui va effectuer un dépannage spectaculaire et à sa hauteur en remorquant, à l’aise sur plusieurs kilomètres, un Sherman tombé en panne), Loyd Carrier, Studebaker Weasel, côtoyant des DUKW et GPA qui seront bientôt mis à l'eau pour une démonstration très attendue par le nombreux public présent.
Un convoi de la libération sillonne des communes avoisinantes. Le maire de Casson prononcera quelques mots : « L'évènement de la fête de la libération, désormais bien installé à Casson, est un marqueur de la vie associative communale. Je suis ravi et très fier de l'engagement des organisateurs en lien avec la commune, afin d'offrir aux habitants un moment riche en histoire et en souvenirs, ainsi qu'un moment festif d'une rare intensité et de partage. Cette manifestation se développe à chaque édition et nous mesurons la chance de pouvoir revivre les émotions de la libération de 1944 ».
Le convoi est escorté par les motards en Harley-Davison et autres motos. Des Jeep, Dodge et autres camions GMC sont présents en plus de quelques heavies (sauf les chars et les semi chenillés). Les Brockway B666, Corbitt, Ward la France et Diamond T 968 cargo et 969 wrecker, ainsi que les amphibies participent au spectacle. Le public est très nombreux sur l'itinéraire de ces libérateurs d'un jour. Nous sommes survolés par des Piper Cub L4 Grasshopper qui donnent une dernière touche historique à ce convoi d'une autre époque.
Le soir, au bal de la libération (entrée libre pour tous), les villageois sont présents par centaines ; quelle ambiance, toujours sur un air de swing ! Ces festivités se clôturent fort tard avec un feu d'artifice démentiel, toujours accompagné de musique et d’un spectacle de lumières projeté sur la façade du château ! Un truc inoubliable, du grand spectacle, de l'inattendu ! Merci aux organisateurs ! Là, vous avez fait fort, très fort ! Je vous invite à vous rendre sur place dans deux ans car vous découvrirez une organisation sans faille. Un long déplacement pleinement justifié.
André WITMEUR
Photos (non publiées par ordre chronologique... et désolé pour les doublons !) : © BMVT/André et William Witmeur, 101AB/32E, Patrick Vaudreville (Panzer Patt), Olivier Berquet, Nico Jourdain, Alexis Guillaume, JS Photo.
* En été 1940, le château est réquisitionné et devient la kommandantur du secteur mais les troupes qui l’occupent sont envoyées sur le front de l'Est. Le château débarrassé de ses occupants, des enfants provenant de zones bombardées par les Alliés dans le secteur de Saint-Nazaire y sont accueillis de mai 1943 à juillet 1944. Au total, 90 réfugiées vont vivre plus d'un an dans le château en compagnie des propriétaires, la famille Debouillé.