Le War Heritage Institute a inauguré le nouvel espace « Mechanized Warfare » au Vehicle Restoration Center de Bastogne Barracks
Sept. 25, 2023, 6:55 p.m. par ahdf
Vu : 1342 fois
Située au nord-est de la ville en direction de La Roche-en-Ardenne, cette section de l’ancienne caserne de Bastogne, devenue Bastogne Barracks - Centre d’interprétation de la Seconde Guerre mondiale en 2010, est un des sites du War Heritage Institute depuis 2017. Dans ses différents espaces, il propose une large panoplie de véhicules chenillés et à roues, de pièces d’artillerie et de matériel divers, aussi bien alliés que des forces de l’Axe.
Après deux ans de travaux et rénovations, le site de Bastogne Barracks a enfin rouvert dans son entièreté ! Trois espaces distincts accueillent les visiteurs depuis le 15 septembre :
- Le Hall « Mechanised Warfare » : une plongée dans la Seconde Guerre mondiale et les innovations techniques qui ont marqué l’histoire.
- Le Hall « Battle of the Bulge », dédié entièrement à la Bataille des Ardennes et où 13 véhicules, accompagnés de photographies géantes, d’objets et d’uniformes d’époque, permettent aux visiteurs de s’immerger dans le passé.
- Le « Vehicle Restoration Center », où les blindés du War Heritage Institute et de ses sites retrouvent une nouvelle vie. (Visible mais uniquement accessible en visite guidée.)
En plus d’une centaine de véhicules et pièces d’artillerie, découvrez également au sein d’une toute nouvelle muséologie plusieurs projections, un film documentaire, et même la visite intérieure 3D d’un Sherman, en réalité virtuelle !
Le « petit » dernier : un hall avec plus de 50 véhicules !
Le Hall « Mechanised Warfare » présente un ensemble exceptionnel de chars et véhicules de la Seconde Guerre mondiale. Ces véhicules sont originaires de diverses nations (U.S.A., France, Allemagne, URSS, Grande-Bretagne, …) ayant pris part au conflit et permettent de parcourir la guerre de mai ’40 à la libération de l’Europe.
Dans cette seconde partie de l’exposition, l’accent est également mis sur l’aspect humain. En effet, si le char en impose par sa puissance de feu, son poids et sa silhouette massive, il n’est rien sans un équipage entraîné et qualifié ! Et si l’impression première qui se dégage du char est la protection qu’il offre, cette dernière est toute relative : un coup au but et le char peut s’embraser ou exploser sous l’impact, tuant ses occupants... Sans parler de l’espace intérieur, quant à lui des plus réduits et offrant des conditions de vie spartiates ! On explique ainsi que l’équipage de certains véhicules était parfois éreinté avant même d’arriver sur le champ de bataille, au vu des conditions de son trajet : cahots, chocs, odeurs, rudesse des suspensions, chaleur, etc.
Des pièces de collection incroyables
Bastogne Barracks regorge de trésors que connaisseurs et grand public apprécieront sans distinction ! Dans le hall « Battle of the Bulge », notre Sherman M4A3E2 Jumbo « First in Bastogne » fait partie des neuf exemplaires restant au monde, et est le seul encore roulant à l’heure actuelle.
Dans le nouveau hall « Mechanised Warfare », plusieurs pièces extrêmement rares sont également présentées :
- Le Sturmgeschutz III Ausf.F/8 n’existe qu’en trois exemplaires dans le monde, et celui présenté à Bastogne Barracks est le seul dont le moteur d’origine tourne !
- Notre obusier automoteur soviétique ISU 152 datant de la 2ème guerre mondiale est l’un des rares exemplaires roulant en Europe de l’Ouest !
- L’obusier automoteur britannique Sexton porte encore ses marquages d’origine !
Un avenir prometteur
Les prochaines années amèneront du neuf parmi les collections : dans le cadre du développement du site et de différentes collaborations, plusieurs pièces rares rejoindront Bastogne Barracks et entreront dans les différents halls.
L’année 2024 sera également une année festive à Bastogne Barracks ! À l’occasion des 80 ans de la Bataille des Ardennes, un week-end « Nuts! » exceptionnel est déjà au programme, et sera certainement accompagné de plusieurs surprises …
Lien le reportage de TV Lux :
https://www.tvlux.be/video/info/une-renovation-reussie-pour-l-aile-des-blindes-au-bastogne-barracks_43707.html?fbclid=IwAR3SIXNeRRgPJhk4dHj1zBghh8ksDF0PBj9de4ey6wezzkmXW_z8UnxrsKU
Un peu d’histoire : Bastogne, haut lieu de la Bataille des Ardennes
La caserne de Bastogne est construite entre 1935 et 1936 pour accueillir le 2e Régiment de Chasseurs ardennais, unité nouvellement constituée à la demande du ministre de la Défense de l’époque, Albert Devèze.
Le 10 mai 1940, le régiment se tient sur ses positions défensives dans les environs de Bastogne, pour faire face à l’agression allemande… Cependant, dès le 12 mai 1940, la Wehrmacht occupe la ville de Bastogne et en 1941, la caserne est utilisée comme centre de formation pour la Hitlerjugend (Jeunesses hitlériennes) et rebaptisée H-Gerhold Kaserne.
Après le repli allemand, le VIIIe corps d’armée U.S., placé sous les ordres du général Troy H. Middleton, y installe son quartier-général. Il s’y trouve encore le 16 décembre 1944 lorsqu’Adolf Hitler lance sa dernière offensive d’envergure de la Seconde Guerre mondiale. Elle entre dans l’histoire sous l’appellation « Bataille des Ardennes » (« Battle of the Bulge ») (opération Wacht am Rhein pour les Allemands).
Bastogne est un objectif d’une importance capitale que les Américains doivent défendre coûte que coûte. Un homme, le brigadier général Anthony McAuliffe, commandant intérimaire de la 101st Airborne Division arrive le 19 décembre 1944 à Bastogne avec ses hommes et installe son quartier-général dans la caserne.
Le 21 décembre 1944, McAuliffe et sa division sont encerclés par les troupes allemandes et le commandant allemand, le général Heinrich Freiherr von Lüttwitz, envoie un ultimatum au QG américain avec le message suivant: « Il n’y a qu’une possibilité pour sauver les troupes américaines encerclées de l’annihilation totale: c’est la reddition honorable de la ville assiégée ».
À la réception de ce message, le général McAuliffe entre dans l’histoire en formulant sa réponse : « À l’attention du commandant allemand. NUTS! Le commandant américain. » (« Des clous ! », littéralement « Des noix ! », d’où la fête annuelle des noix à Bastogne). Cette réplique négative et brève à la demande allemande de reddition aura un impact majeur sur le dénouement de la Bataille des Ardennes.
Les jours qui suivent voient en effet des combats acharnés, mais le général McAuliffe et ses hommes tiennent bon et sont libérés le 26 décembre à 16h50, par les troupes menées notamment par le Sherman Jumbo « Cobra King », mieux connu par son marquage « First in Bastogne ».
Photos : World Heritage Institute (WHI) et Philippe Jarbinet